D’où ça part ?
- by Hannah Kalaora
- in Etoile
- posted February 24, 2021
Une pelote de fil parmi tant d’autres. Une boule de noeuds entremêlés d’une drôle de manière. Chaque peinture, chaque acte artistique posé permet au fil de se dénouer. La boule de fil peut ainsi se transformer et créer un chemin. Le chemin vers soi, vers l’autre soi. Ainsi, après avoir vaincu le Minotaure, Thésée se dirige avec confiance dans le labyrinthe pour retrouver Ariane l’Immortelle en dénouant la pelote de fil qu’elle lui avait offert. Chaque peinture est une victoire permettant au monstre qui serrait les mâchoires de se détendre et de laisser le fil se dénouer.
D’où partir pour créer ?
De Tout.
Absolument tout ce qui m’entoure.
L’image d’une piscine à boules me vient. L’idée est de choisir la boule qui sera le point de départ.
Pourquoi celle-là et non une autre ? Est-elle plus belle ? Est-elle plus ronde ou plus lisse ? La couleur me plaît-elle plus ?
C’est le lien que je crée avec cette boule-ci en particulier, à ce moment précis qui me pousse à la peindre ou à la sortir de sa piscine pour l’utiliser dans une installation. Ce lien est plus fort que les autres, ainsi la boule en question devient le point de départ d’une composition.
De ce lien tissé entre La Boule et Moi, naît une multitude d’autres liens.
Ainsi, le décor se plante. L’univers se crée.
L’Art devient un moyen plastique de toucher la vie à travers la peinture et les installations.
Je me laisse guider, un peu comme une marionnette par tous ces liens et associations qui apparaissent au fur et à mesure. Comment trouver la cohérence dans la multitude ? Délimiter les contours. Sans le cadre, impossible de saisir, de toucher. C’est une course-poursuite pour rendre l’insaisissable saisissable.
Alors commence le travail du support, un châssis et le choix de la toile que j’encolle dessus, un bout de carton, des photos, des petites vidéos, du papier, des pistaches ou des boîtes de conserve… La loi de l’expansion fait effet ici aussi, et avec le temps les possibilités de supports se multiplient.
Cela dit, c’est justement face à cette diversité infinie que le point de concentration devient fondamental. Dans mon travail, le pinceau qui vient prendre la couleur fait office de « retour à la source ». La peinture me rassure, me réconforte.
Puis, vient le plaisir. Le plaisir des couleurs, le plaisir d’associer, le plaisir de peindre tout simplement.
Peindre : une autre porte pour l’existence. Un monde se découvre, un monde se crée.
Septembre 2020, Hannah Kalaora